Et si Haïti passait à l’Économie sans espèces ?

En Haïti, l’argent liquide règne encore en maître. Pour chaque achat ou règlement, il faut constamment avoir des billets en poche. Mais cette dépendance au cash, bien que profondément ancrée dans les habitudes, pose des limites : insécurité, manque de praticité, et absence de traçabilité. Depuis quelques années, les portefeuilles mobiles MonCash (de Digicel) et NatCash (de Natcom) ont émergé comme des solutions modernes, permettant aux utilisateurs de stocker et de transférer de l’argent en toute simplicité. Pourtant, leur potentiel dans le commerce reste largement inexploité, freinant l’adoption d’un mode de transaction numérique plus étendu.

Bien que MonCash et NatCash soient aujourd’hui utilisés par des milliers de personnes pour garder et transférer de l’argent, leur usage dans les transactions commerciales est encore marginal. Très peu de boutiques, supermarchés ou entreprises acceptent ces paiements numériques, et les consommateurs eux-mêmes hésitent à les utiliser pour acheter. Le résultat ? Une adoption partielle qui limite l’impact de ces outils pourtant prometteurs.

Changer les Mentalités : La Sensibilisation comme Clé

Pour que ces portefeuilles mobiles atteignent leur plein potentiel, il faut initier un véritable changement de culture. La priorité ? Apprendre aux gens à utiliser MonCash et NatCash comme des outils de paiement dans leur quotidien, et non simplement comme des comptes d’épargne ou de transfert. Cela passe par :

• Une éducation des consommateurs, pour leur montrer la simplicité, la sécurité et l’utilité des paiements numériques.
• Un accompagnement des commerçants, afin qu’ils adoptent ces solutions et les intègrent dans leurs modes de fonctionnement.

Avec une stratégie de sensibilisation bien orchestrée, les portefeuilles mobiles pourraient devenir un pilier central des transactions en Haïti, réduisant progressivement la circulation d’espèces.

L’Étape Suivante : Les Cartes de Débit

Une fois l’utilisation des portefeuilles mobiles ancrée dans les habitudes d’achat, il sera temps de franchir une étape cruciale : proposer des cartes de débit reliées à MonCash et NatCash. Ces cartes offriraient de nouvelles possibilités, notamment :

• Effectuer des paiements dans les points de vente disposant de terminaux électroniques, ouvrant ainsi la voie à un réseau commercial numérique plus large.
• Réduire encore davantage l’utilisation d’espèces, contribuant ainsi à une économie plus sûre et mieux structurée.

Passer d’une économie majoritairement basée sur le cash à une économie numérique est un défi qui demande des efforts concertés. Les portefeuilles mobiles sont déjà très répandus, mais pour maximiser leur impact, il faut d’abord les positionner comme un outil indispensable pour les transactions commerciales. Ce n’est qu’après cette transformation qu’une innovation comme les cartes de débit pourra véritablement prendre racine et moderniser davantage le système financier haïtien.

Avec une approche progressive et des campagnes de sensibilisation ciblées, Haïti pourrait réduire considérablement sa dépendance au cash. MonCash et NatCash sont des bases solides pour construire une économie numérique. En passant par une phase de transition où les paiements mobiles deviennent la norme, et en introduisant ensuite les cartes de débit, le pays pourrait s’ouvrir à un système économique plus moderne, sécurisé et inclusif. Alors, et si Haïti osait ce pas vers l’avenir ?