Mackenson Laroche, militant politique haïtien et ancien coordonnateur du Mouvement Haïtien Solidaire pour Libérer Ayiti (MASLA), a été contraint de quitter Haïti en raison de son engagement politique, des menaces constantes, et des persécutions auxquelles il a fait face. Son histoire illustre le combat des militants politiques en Haïti, où la répression et l’insécurité forcent de nombreux défenseurs des droits humains à fuir leur pays. Après plusieurs tentatives de fuite, Laroche a finalement trouvé refuge aux États-Unis en 2023.
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Interview :
Matinal POST :
M. Laroche, vous avez vécu de nombreuses épreuves depuis que vous avez commencé votre engagement politique en Haïti. Pouvez-vous nous parler des raisons qui vous ont poussé à rejoindre le Mouvement Haïtien Solidaire pour Libérer Ayiti (MASLA) ?
Mackenson Laroche :
Depuis mon enfance à Bèlè, j’ai toujours été témoin des conditions de vie extrêmement difficiles des populations démunies. J’ai choisi de rejoindre MASLA pour lutter contre l’injustice sociale, en particulier en faveur des communautés marginalisées. Nous avons mis en place des projets comme des cantines scolaires et soutenu l’éducation, des actions qui ont eu un impact direct. Cela a malheureusement fait de nous une cible pour ceux qui bénéficient de la situation actuelle, notamment des partis politiques adverses.
Matinal POST : :
En 2017, vous avez commencé à être la cible de menaces après votre implication dans ces projets. Pouvez-vous nous expliquer comment ces menaces ont évolué au fil du temps ?
Mackenson Laroche :
Au début, ce n’était que des menaces verbales, mais elles ont rapidement pris une tournure violente. Des individus liés à des partis politiques ont accusé MASLA de vouloir déstabiliser le pays, ce qui a entraîné des attaques directes contre moi. Ma maison a été prise pour cible par des groupes armés, et j’ai même été poursuivi en justice dans ce qui semblait être une tentative d’intimidation. Ces pressions sont devenues insupportables.
Matinal POST : :
Vous avez finalement pris la décision de quitter Haïti. Quelles ont été les circonstances exactes de votre départ en 2017 ?
Mackenson Laroche :
Après avoir été constamment menacé et ayant subi plusieurs attaques, j’ai pris la décision difficile de fuir pour ma sécurité. Je suis d’abord allé au Chili en novembre 2017, mais la vie là-bas n’a pas été facile. J’ai dû faire face à des discriminations raciales et à des conditions de vie précaires, tout en cherchant à obtenir une stabilité. C’était un exil difficile, mais je croyais que c’était la seule option.
Matinal POST : :
Après avoir séjourné au Chili, vous avez tenté de rejoindre les États-Unis, mais votre voyage a été semé d’embûches. Pouvez-vous nous parler de votre expérience lors de vos tentatives pour entrer aux États-Unis ?
Mackenson Laroche :
La traversée a été extrêmement difficile. En 2021, après une tentative échouée, j’ai été expulsé vers Haïti. Je me suis retrouvé dans une situation encore plus périlleuse, sachant que les menaces contre ma vie étaient de plus en plus sérieuses. J’ai dû encore fuir Haïti pour le Mexique, et après plusieurs mois d’incertitude, j’ai finalement réussi à franchir la frontière américaine en janvier 2023 grâce au programme CBP ONE.
Matinal POST : :
Durant cette période, vous avez également vécu un drame personnel. Pouvez-vous nous en parler ?
Mackenson Laroche :
Oui, c’est l’une des périodes les plus douloureuses de ma vie. En décembre 2021, après avoir quitté la ville des Cayes où je m’étais caché, je suis retourné à Port-au-Prince avec mon frère, Jean David. Ce jour-là, des hommes armés ont débarqué et ont commencé à tirer. Mon frère a été touché et est malheureusement décédé. Ce tragique événement a encore renforcé mon sentiment d’insécurité et m’a poussé à prendre des mesures plus drastiques pour sauver ma vie.
Matinal POST : :
Comment vivez-vous aujourd’hui aux États-Unis, et quel est votre engagement maintenant en tant qu’exilé ?
Mackenson Laroche :
Les États-Unis m’offrent une certaine sécurité, mais la douleur de mon exil et de la perte de mon frère est toujours présente. Mon engagement n’a pas cessé ; je continue de dénoncer les injustices qui frappent Haïti, en particulier la répression des militants et la violence qui gangrène notre pays. Mon but est de contribuer à un changement en Haïti, même de loin, en espérant voir un jour le pays libre de ces maux. Je reste déterminé à poursuivre le combat pour les droits des Haïtiens, où que je sois.
Matinal POST : :
Que diriez-vous à ceux qui, comme vous, luttent pour un changement en Haïti mais qui se sentent accablés par la situation actuelle ?
Mackenson Laroche :
Je leur dirais de ne jamais abandonner, même face à la répression. L’espoir est ce qui nous permet de continuer, et chaque action, même petite, compte. Nous devons rester solidaires et croire qu’un jour Haïti sera libéré de la violence et de l’injustice. L’exil n’est pas la fin, c’est simplement une autre forme de résistance.
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