
La commune de Kenscoff a été le théâtre d’un carnage inouï depuis le 27 janvier dernier. Selon un rapport accablant du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 262 personnes ont été tuées et 66 blessées en seulement deux mois lors d’attaques d’une extrême violence menées par des groupes armés cherchant à étendre leur emprise sur la région.
Parmi les victimes, 53 % sont des civils, hommes, femmes et enfants exécutés dans leurs maisons ou en fuite sur les sentiers de la commune. Les corps, souvent brûlés après les meurtres, témoignent d’une volonté délibérée d’effacer les traces et de terroriser la population. Des cas de viols et d’autres violences sexuelles, notamment sur des mineures, ont également été documentés.
« Ces attaques visaient clairement à semer la terreur et à briser toute forme de résistance dans les zones ciblées », a déclaré Maria Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti. Selon elle, la nature systématique des attaques et leur brutalité montrent une stratégie bien planifiée d’occupation territoriale par les groupes criminels.
Les assaillants, selon le rapport, chercheraient à faire main basse sur les hauteurs de Kenscoff afin de menacer Pétion-Ville, zone stratégique au sud-est de la capitale. Cette offensive territoriale viserait aussi à affaiblir l’État, en montrant son incapacité chronique à protéger les populations les plus vulnérables.
Si les forces de sécurité haïtiennes sont finalement intervenues — avec retard et des moyens dérisoires — leur présence, appuyée par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), n’a pour l’instant permis que de freiner la progression des gangs sans réussir à restaurer l’ordre. Quatre policiers haïtiens ont été tués, quatre autres blessés, et un membre de la MMAS a également été touché.
Entre-temps, plus de 3 000 personnes ont fui les violences, et près de 200 maisons ont été incendiées ou totalement détruites. Le rapport salue les efforts d’urgence fournis par certains services de l’État, des agences onusiennes et plusieurs ONG. Néanmoins, face à l’ampleur du désastre humanitaire, ces efforts sont largement insuffisants, notamment pour les enfants traumatisés ou victimes de sévices.
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