
Fritz Alphonse Jean a officiellement pris la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ce vendredi 7 mars, lors d’une cérémonie à la Villa d’Accueil, en présence de personnalités politiques, économiques et diplomatiques.
Dans son discours, il a appelé à un budget rectificatif de guerre pour lutter contre l’insécurité, en plus de proposer l’activation de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI) pour soutenir cette bataille. Cependant, derrière ces annonces se cache une réalité préoccupante : le véritable obstacle à une lutte efficace contre les gangs est la gestion défaillante des fonds alloués à la sécurité, qui finissent trop souvent dans les poches des conseillers-présidents.
Le véritable problème n’est pas l’ANI, qui pourrait théoriquement jouer un rôle important dans la collecte de renseignements pour lutter contre les gangs, mais plutôt la manière dont les fonds destinés à la sécurité sont mal gérés. Les ressources allouées au renseignement, au lieu de financer des initiatives concrètes pour améliorer la sécurité, sont souvent distribuées entre les neuf conseillers-présidents, sans véritable contrôle ni transparence. Les fonds sont détournés, gaspillés ou utilisés à des fins personnelles, ce qui empêche toute avancée réelle dans la lutte contre l’insécurité.
Bien que Fritz Jean ait mentionné l’activation de l’ANI et son soutien à la mobilisation de la Brigade de Surveillance des Aires Protégées (BSAP), la situation reste complexe. La BSAP, bien qu’initialement conçue pour la protection des zones environnementales, pourrait, avec les moyens nécessaires, apporter un renfort précieux dans la lutte contre les gangs. Toutefois, son efficacité dépendra largement de l’intégrité des ressources allouées et de la volonté politique réelle de combattre la corruption.
Le discours de guerre sans le soutien nécessaire
Fritz Jean a bien compris l’urgence de la situation, mais ses appels à la guerre contre l’insécurité semblent encore une fois se heurter à un mur de mauvaise gestion des ressources. Si l’activation de l’ANI et l’utilisation de la BSAP sont des propositions intéressantes, elles ne résoudront rien si les fonds destinés à la sécurité continuent de finir entre les mains des personnes qui détournent l’argent de l’État. Les Haïtiens n’ont pas besoin de nouvelles promesses, mais d’actions concrètes et d’une réforme en profondeur de la gestion des ressources publiques.
Une question de leadership et de réformes structurelles
L’insécurité ne se résoudra pas simplement par un discours de guerre ou par une annonce de nouvelles mesures. Haïti a besoin d’un gouvernement transparent, capable de mettre en place une politique cohérente, de réformer ses institutions et de restructurer ses services de sécurité. L’implication de l’ANI et du BSAP pourrait être bénéfique, mais l’argent alloué à la sécurité doit réellement servir à renforcer les capacités de l’État, et non à entretenir un système de clientélisme et de corruption.
Si Fritz Jean veut réellement répondre à l’urgence de l’insécurité, il doit d’abord rétablir la confiance dans la gestion des fonds publics. Les Haïtiens méritent plus que des discours et des promesses. Ils méritent des réformes structurelles profondes et une lutte déterminée contre la corruption qui gangrène le système. Tant que l’argent destiné à la sécurité continuera de nourrir la corruption au lieu de financer des actions concrètes, les efforts du Conseil Présidentiel de Transition risquent de rester une simple illusion face à un État incapable d’assumer son rôle protecteur.
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